ET SI NOUS ETIONS LES CHEVALIERS DE NOTRE PROPRE APOCALYPSE !

 
 
 
 
 
Le 07/12/2007
Et si nous étions les chevaliers de notre propre apocalypse ! par Sidy Ady DIENG*


Aujourd'hui, le monde a réuni toutes les conditions de haine et de violence, ainsi que les capacités matérielles et technologiques suffisantes pour provoquer l'apocalypse.
Ceci me donne l'occasion de rappeler l'un des axes de cette réflexion que je vous propose, et qui n'est autre chose que l'analyse des défis auxquels le monde doit faire face.

 N'ayant pas la prétention d'en dresser une liste exhaustive, je me contenterai seulement de tenter un examen de ceux qui me semblent être les plus urgents à relever.
   Sur le plan écologique et environnemental, tout le monde est d'avis aujourd'hui qu'il s'agit de faire la promotion du « développement durable », autrement faire bon usage des ressources mondiales qui ne sont pas toutes renouvelables. D'où l'urgence de mettre fin à l'autoflagellagion et à l'autodestruction que nous nous imposons, en assurant une mauvaise gestion de ces ressources dont la plu part s'amenuisent de jour en jour. Et en agressant sans relâche la biotope mondiale, provoquant ainsi l'élimination de certaines espèces aussi bien végétales qu'animales, la désertification et la déforestation, de même la destruction des écosystèmes de notre planète.
Le professeur Bernard CHABOT de l'Ademe (Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Energie), qui allie rigueur scientifique, simplicité et humour, présente l'espèce humaine comme celle qui parmi les 3 à 50 millions d'espèces vivantes sur terre, est la seule à disposer de capacités scientifiques et techniques incontestables et d'une sagesse fort contestable !

Je pense qu'il a raison de nous rappeler, à sa manière, ce devoir de sagesse et d'équilibre qui incombe à l'espèce humaine, car aujourd'hui, la conséquence des émissions non contrôlées de C02 et autres gaz à effet de serre, résultant des activités de l'industrie mondiale, se traduit par l'accentuation des changements climatiques (réchauffement des mers, réchauffement climatique en général) et la destruction progressive de la couche d'ozone. Cette dernière, rappelons-le,  est située seulement entre 20 et 30 km d'altitude de nos têtes, et sa disparition, comme vous le savez tous, nous exposera fatalement au rayonnement ultraviolet.

L'énergie s'étant imposée comme moteur du développement de notre civilisation, sa maîtrise semble être alors une voie incontournable pour la survie de notre planète terre. De nos jours, les spécialistes en cette matière ont radicalement lancé le concept de « maîtrise globale de l'énergie » (MGE),un concept déjà modélisé sur la base de critères d'utilisation rationnelle de l'énergie induisant la sobriété et l'efficacité énergétique, en association avec une production propre et sure recourant aux énergies renouvelables.  Cette MGE passera forcément par l'exploration des filières d'énergies renouvelables (solaire et éolienne) et des services qu'elles peuvent rendre comparativement aux énergies conventionnelles qui ont atteint leurs limites tant sur le plan gisement que sur leur incapacité à être des énergies propres.
Mieux, le monde peut avoir l'ambition en une seule génération (30 à 40 ans), avec cette synergie, entre l'utilisation des énergies renouvelables et l'utilisation sobre et rationnelle de l'énergie conventionnelle, d'atteindre ce qu'il est convenu d'appeler déjà «la fusion bien tempérée» ou «téléfusion », clin d'oeil à la source d'énergie la plus inépuisable, à savoir l'énergie de fusion thermonucléaire.
Cette énergie est déjà à notre service par l'utilisation industrielle du soleil et des cycles naturels qui lui sont associés (eau, vent, photosynthèse (transformation de l'énergie lumineuse en énergie chimique)), et elle le sera d'avantage si le monde consacre un minimum de moyens pour accélérer les progrès techniques et économiques offerts par les différentes technologies d'utilisation des énergies renouvelables.                                                                                                                                           Il sera possible alors, sans être dans un malin rêve, de produire du biocarburant, du biogaz et bien d'autres biocombustibles à partir de la biomasse, et de produire aussi de l'électricité via des centaines de millions de systèmes exploitant l'énergie solaire et l'énergie éolienne. 

Le premier constat qui s'impose ici, est que les pays en voie de développement, déficitaires dans la maîtrise des énergies conventionnelles, sont aussi à la traîne en ce qui concerne les applications des énergies renouvelables qui prennent par contre un essor continu dans les pays développés, qui, mesurant l'intérêt, ont sonné la ruée vers ces formes d'énergie qui remplacent même petit à petit l'énergie nucléaire civile.

En effet, dès 2002 déjà, il était établi que la puissance éolienne mondiale était de l'ordre de 20.300 MW, l'Europe occupant le leadership avec 12.450 MW, devant l'Asie (3.050 MW) et les Etats-Unis (2.900MW), le reste du monde comptabilisant 1 900 MW.
Et si la croissance annuelle se stabilise comme prévu à 20 %, la puissance éolienne mondiale dépassera les 70. 000 Mw en 2010.

Cette tendance étant, à quelques variantes prés, la même pour ce qui est de l'énergie solaire photovoltaïque ; par conséquent le plaidoyer pour la réduction du gap numérique doit à mon avis se greffer à celui de la réduction aussi du gap énergétique, qui pour les pays moins nantis, ne passera uniquement que par le développement des énergies solaires et Eoliennes.
Le Royaume du Maroc, qui l'a compris assez tôt, s'est engagé résolument dans cette voie, en investissant dans une multitude de projets d'installation de grands parcs d'aérogénérateurs, de centrales hybrides et autonomes (photovoltaïque /éolienne /diesel), et de kits solaires simples, destinés à l'électrification des zones rurales isolées, avec des partenaires comme EDF-International, KFW etc...
Cette politique résolue du royaume chérifien, a permis d'obtenir, dés 1998 les résultats suivants :
- Pour le solaire photovoltaïque : une production de 4 Mwc au bénéfice des secteurs de la communication (27%), du pompage d'eau (45%), de l'électrification décentralisée(17%) et d'autres utilisations diverses (11%);
- Pour le solaire thermique : une surface installée de 36.400 m2, dont 66% au bénéfice de particuliers, 13 % pour les hôteliers, 11 % au profit de l'habitat collectif, 5 % pour l'éducation, 3 % pour les hôpitaux et 2 % pour des installations sportives;
- Pour le l'énergie éolienne : 300 aérogénérateurs et 5.000 éoliennes de pompage d'eau;
- Pour la biomasse : 300 digesteurs à biogaz, 5.000 fours et foyers améliorés et une station de valorisation énergétique des eaux usées.
Notons que ces performances ont du évoluer depuis 1998.

Et, c'est l'occasion de dire que l'Afrique peut et doit avoir l'ambition de maîtriser et de développer le nucléaire civil, mais elle doit surtout mettre l'accent sur les énergies renouvelables et refuser, par ailleurs aussi, d'être le dépotoir ou le lieu de recyclage des déchets toxiques en provenance d'autres continents.
Toujours sur le plan environnemental, l'autre défi majeur à relever est certainement la «gestion intégrée des ressources en eau », concept fort justement développé par le Global Water Partnership (GWP) qui est un réseau mondial mis sur pied en 1996 afin de convaincre les décideurs politiques et les multiples acteurs et usagers de l'eau, qu'il n'y a plus de place pour les pratiques disloquées et sectorielles induisant une mauvaise gestion des ressources en eau.
L'eau c'est la vie, a-t-on coutume de dire, sans véritablement mesurer la pertinence de cette vérité élémentaire que nous rappelle chaque fois cependant la moindre coupure du service d'eau potable, c'est vous dire, mesdames et messieurs, que la panne du réseau naturel d'eau douce de notre planète est peut être le plus grand péril qui nous menace aujourd'hui.
Empêcher cette panne, plus qu'un impératif, est un acte de survie!
Ne voulant pas être alarmiste pour rien, je vous dirai que plus d'un milliard d'individus sont actuellement privés d'eau potable, les nappes phréatiques s'amenuisent de jour en jour, et bon nombre de fleuves pour des raisons d'aménagement où de déséquilibre environnemental, n'atteignent plus les mers ce qui est une catastrophe, car le destin d'un fleuve, comme j'aime à le dire, est de se jeter à la mer, après un long parcours générateur de vie et d'histoire.
 En effet, le fleuve ne fait pas que se jeter simplement à la mer, il prend soin de tracer son embouchure, de se démultiplier en plusieurs bras, afin de déposer ses alluvions le long de sa vallée et sur toute la surface de son delta qui deviennent ainsi un creuset de vie et, toujours, le berceau d'une civilisation.
Ce qui est prodigieux ici, c'est ce besoin vital pour un fleuve de maintenir une relation fonctionnelle et vitale entre la goutte d'eau qui quitte sa source et la goutte d'eau qui ira se mêler aux eaux de l'océan.
Entre ces gouttes d'eau, chaque fleuve aura tracé un pan de notre civilisation ; en effet l'histoire et la vie des fleuves, c'est tout simplement l'histoire et la vie du monde.
J'en veux pour preuve le Nil qui a fait l'unité de l'Egypte depuis la protohistoire, le Niger majestueux sur son tracé mythique prenant sa source sur le versant Est du Fouta-Djalon et délimitant un bassin de plus de 2 millions de km2 s'étendant sur 8 Etats.

Ce même fleuve Niger qui va former un vaste delta intérieur dans le Macina, en amont de Ségou, avant de longer la falaise de Bandiagara, entrant en zone sahélienne et passant par Tombouctou et Gao, pour terminer sa course magistrale dans le golfe du Bénin en érigeant un grand delta de 22 bouches.
 Et vous aurez remarqué que des cités à la fois prestigieuses et mythiques comme Tombouctou ou Gao, ne sont autre chose que des «dons du Niger» tout comme l'Egypte fut un «don du Nil ».
D'autres fleuves tout aussi majestueux, tout aussi prestigieux comme l'Amazonie, la Seine, le Yang Sékiang pouvaient être aussi cités en exemples.

Tous ces fleuves, témoins et garants de notre civilisation commune, ne méritent pas que nous entravions leur destin, un destin qui du reste est le notre et qui ne devrait pas être l'apocalypse.

*Sidy Ady DIENG est étudiant en Première année de Master en Relations internationales à ESSPRI. Il peut être joint à sidyady@yahoo.fr.


 

 


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